JBM OUT !

Daphné Kathia Rosalbert

Avocate

Le 16 octobre 2023 marquera 10 ans depuis mon assermentation au Barreau. Une journée qui restera certainement gravée dans mon esprit à tout jamais. Je conserve entre autres un vivide souvenir de la grande fierté ressentie à l’appel de mon nom pour prêter serment devant famille et amis. Nouvellement assermentée, j’avais espoir que peu importe le milieu que je choisirais, la réussite était assurée! Sky is the limit right? Ce que je ne réalisais pas encore à ce moment-là, c’est que le parcours vers l’épanouissement professionnel pouvait être plus long et compliqué que je n’aurais imaginé. Accéder à la profession n’était que le début de l’aventure. En rétrospective, voici ce que j’aurais aimé savoir ou encore les conseils que je peux offrir à mes nouveaux confrères et consoeurs.

#1: OSE PRENDRE DES RISQUES
ll n’est pas dans ma nature de sauter tête première dans le vide. J’ai tendance à réfléchir longuement avant de prendre des décisions importantes. Dans mes débuts, la peur de prendre des risques a fait en sorte que je suis passée à côté de certaines opportunités qui me mettaient trop inconfortables, de peur d’échouer ou de ne pas être la hauteur. Pourtant, à plusieurs occasions lorsque j’ai pris des risques, notamment en acceptant des rôles pour lesquels je n’étais pas certaine d’être la mieux placée ou la plus qualifiée, cela m’a beaucoup appris.

Parfois, en raison de notre jeune âge, notre maigre expérience professionnelle (en droit), on peut douter de nos capacités. Il faut se rappeler qu’en osant prendre des risques, on en ressort toujours grandi. D’ailleurs, il faut bien commencer quelque part. L’expertise s’acquiert avec le temps et l’expérience. C’est certainement en relevant des défis de taille que nous apprenons le plus.

#2: IMPLIQUE-TOI ET CRÉE-TOI UN RÉSEAU PROFESSIONNEL
J’ai rejoint le comité de l’ExtraJudiciaire au courant de ma première année de Barreau. J’ai choisi de m’impliquer dans ce comité parce que le journalisme m’intéressait et aussi pour étendre mon réseau professionnel. À chaque rencontre, j’apprenais sur de nouveaux sujets en échangeant avec les autres membres du comité exerçant dans divers secteurs. À travers les années, j’ai eu le plaisir de rédiger 22 articles (incluant celui-ci). La rédaction de ces articles m’a également beaucoup appris, que ce soit en faisant l’analyse de décisions majeures, en explorant de nouvelles facettes de la profession ou encore en adressant des enjeux de société.

Dans ma 2^e année de Barreau, j’ai joint un premier conseil d’administration. J’ai failli passer à côté de cette opportunité parce que je n’avais aucune expérience en gouvernance. Je n’ai jamais regretté cette implication. Par la suite, j’ai poursuivi en m’impliquant comme administratrice dans deux autres organisations à but non lucratif.

Je conseille fortement l’implication bénévole. Oui, cela implique de consacrer du temps personnel, non seulement pour se préparer et assister aux rencontres de CA, mais également pour s’impliquer dans la mission de l’organisation. C’est important d’appuyer les causes qui nous passionne. Cela vaut amplement le temps et l’effort consacré, notamment par les apprentissages qui en découleront et les relations de grande qualité.

#3 : TROUVE-TOI UN MENTOR ET UN SPONSOR
Je l’ai appris sur le tard, mais avoir un mentor et un sponsor c’est un atout majeur! Dans mes débuts, je sondais mes amis nouvellement gradués comme moi, pour me rassurer dans mes choix de stage et mes premières opportunités. Avoir su plus tôt l’importance d’un mentor et d’un sponsor, j’aurais tenté d’identifier plus rapidement les personnes expérimentées qui pouvaient agir comme l’un ou l’autre.

Distinguer un mentor d’un sponsor
Un.e mentor est une personne à qui on peut demander conseil lorsqu’on rencontre des défis dans notre vie personnelle ou professionnelle. Il possède généralement une expérience significative dans le domaine dans lequel on a besoin d’aide. Un.e mentor peut être un collègue, un membre de la famille, un ami proche ou un gestionnaire. Un.e sponsor quant à lui est celui qui défend nos intérêts. Cette personne peut notamment offrir un soutien et utiliser son influence dans l’industrie pour offrir des opportunités.¹ Un.e mentor a habituellement plus de disponibilités à offrir à son mentoré. Alors que le sponsor peut ne pas avoir le temps à consacrer sur une base régulière.

Il est évident qu’avoir cet encadrement de professionnels peut contribuer à évoluer plus rapidement dans sa carrière. Il est fortement recommandé de mettre temps et effort nécessaire pour entretenir ces relations sur le long terme.

#4 : DÉFINI TON BONHEUR
Pour un.e jeune avocat.e, la réussite professionnelle peut sembler un élément clé du bonheur, mais comment définir la réussite? Est-ce l’atteinte d’un certain échelon? Un certain salaire? Comme je n’ai pas évolué aux côtés de juristes, je n’avais pas une idée claire de ce à quoi ressemblait la réussite. Je croyais que l’épanouissement professionnel, le sentiment d’être comblée dans mon travail me procurerait l’assurance que je me trouvais là où j’étais destinée à être.

Le marché étant ce qu’il est, je n’ai pas obtenu les postes que je convoitais initialement. J’ai donc choisi d’ouvrir mes horizons en rejoignant une grande organisation où plusieurs opportunités pouvaient être envisageables à l’interne. Ce milieu fut une bonne école.

Je peux admettre qu’en entrant en droit à l’Université d’Ottawa, je connaissais peu de la réalité de la pratique du droit. Je me souviendrai tout de même de mon prof de droit administratif qui nous disait n’avoir jamais considéré se spécialiser en droit administratif. Les opportunités de stage l’ont conduit sur cette voie et il ne regrettait pas du tout.

Un conseil pour mes jeunes confrères et consœurs qui doutent d’être dans le bon domaine ou au sein du bon bureau. Sachez qu’aucune expérience n’est vaine. Soyez à l’écoute de votre petite voie intérieure. Tôt ou tard, vous trouverez votre place. Ce qui importe c’est de s’y plaire, de pouvoir se réaliser dans son travail.

#5: LE DROIT MÈNE À TOUT
Cette fameuse phrase que nous entendons depuis la fac de droit a pris tout son sens pour moi lorsque j’ai réalisé que mon profil de juriste me donnait accès à des opportunités de carrière au-delà des domaines que je connaissais.

J’ai choisi de rentrer en entreprise tôt. J’évolue depuis dans le secteur réglementaire et je reçois encore, de temps à autres, des commentaires de proches me demandant si la pratique du droit me manque; si je ne préférais pas occuper un poste plus dans mon domaine.

J’ai tendance à répondre à ces questions en éduquant ces personnes sur les multiples facettes du droit, ne se limitant pas au litige. Je ne peux m’étonner de ces remarques puisque ma propre vision de la profession avant d’y accéder se limitait plus ou moins au litige civil et criminel.

Heureusement, mes expériences professionnelles au cours des 9 dernières années m’ont permis de rencontrer des gens inspirants qui pratiquent dans tous les domaines. Mon mentor est un excellent exemple de succès : avocat et entrepreneur, il gère sa propre petite entreprise de consultation depuis plus de dix ans. Ce qui m’inspire chez lui est qu’au delà de ses connaissances, il a une famille et une vie personnelle bien remplie. Qui dit qu’on ne peut pas tout avoir dans la vie?

J’espère que mes réflexions et apprentissages sauront aider certains jeunes ou moins jeunes collègues du JBM.
Au plaisir,