Alea Jacta Est, les dés sont jetés

C’est la fin d’une ère… Je mentirais si je disais que je n’ai pas eu un petit pincement au cœur lorsque j’ai appris la nouvelle de la fin de l’ExtraJudiciaire. J’ai été bénévole sur plusieurs comités du Jeune Barreau de Montréal au fil des ans, cependant, le comité de l’Extra a toujours eu une importance particulière pour moi. En effet, écrire ou lire l’Extra a rythmé ma vie depuis que j’ai prêté serment il y a maintenant 13 ans. J’ai eu le plaisir de conjuguer mon amour pour la littérature et le Droit en m’impliquant, d’abord en tant que réviseure, puis par la suite, en y écrivant des articles, et enfin, à titre de rédactrice en chef pendant deux ans en 2018 et 2019. Je garde tellement de bons souvenirs de nos réunions de remue-méninges et de la grande générosité de l’ensemble des bénévoles. Nous avons mené de grands changements, notamment le virage vert et numérique, au cours duquel il a été décidé de ne plus publier toutes les éditions, pour des raisons écologiques évidentes. Nous avons également mené un projet-pilote de balado (podcast) intitulé Le P’tit Extra.

J’aimerais pouvoir clore ce chapitre sur une note positive. Pouvoir dire comme Pangloss à Candide : « Tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes possibles ». Cependant, pour être honnête, l’état du monde actuel me préoccupe. Les populations un peu partout dans le monde semblent plus divisées que jamais avec la montée des extrêmes sur le plan politique, de l’extrême-droite à l’extrême-gauche. Nos jeunes ont une santé mentale fragile qui a été malmenée par les trois ans de pandémie que nous avons traversés, et que dire de leur santé physique qui ne cesse de se dégrader en raison d’une sédentarité accrue, à un point tel que cette nouvelle génération risque malheureusement d’être la première à avoir une espérance de vie plus courte que celle de ses parents. Ajoutons à cela les guerres qui font ravage, incluant une guerre en Europe, avec l’invasion de l’Ukraine par la Russie, ainsi que tous les dérèglements climatiques qui entraînent des phénomènes météorologiques extrêmes de plus en plus fréquents: inondations, tornades, sécheresses, tempêtes, feux de forêt etc.

Pourtant, lorsque j’emmène mes enfants jouer au parc, immanquablement, tous les enfants du coin qui ne se connaissent pas se retrouvent à jouer ensemble au soccer, unis autour d’un ballon. Et cela me redonne espoir. La jeune génération d’avocats et avocates aussi m’impressionne. Ils sont allumés, ont conscience de l’importance d’avoir une bonne santé mentale et ressentent moins les tabous liés au fait de demander de l’aide à des professionnels au besoin. Ils n’ont pas peur de militer pour les causes qui leur sont chères, notamment, pour l’environnement. Ils réclament un véritable équilibre travail-famille-loisirs. Bref, ils sont une force de changement et ils ont tout mon respect. Aujourd’hui, nous devons nous battre pour des droits que l’on croyait acquis. Les soi-disant pro-vie menacent plus que jamais le droit des femmes à disposer de leur corps. Ils disent vouloir protéger les fœtus, mais dans le fond, ce qu’ils veulent est de retirer leur libre arbitre aux femmes. Les droits des communautés LGTBQ+, particulièrement les trans, sont attaqués par des polémiques montées de toute pièce. J’en veux pour preuve les attaques contre les heures du conte proposées par des drag-queens dans des bibliothèques qui embrasent la complosphère ces temps-ci. Libre à chacun d’être personnellement pour ou contre. Cependant, c’est dangereux quand certaines personnes décident de s’en prendre à des parents qui ont décidé en toute connaissance de cause d’y faire participer leurs propres enfants. Face à cet état des lieux peu reluisant, nous avons le devoir de nous relever les manches afin de léguer à nos enfants un monde meilleur.

Je termine ce tout dernier texte par une citation de Franz Fanon, célèbre penseur martiniquais, qui m’a toujours interpellée : « Chaque génération doit, dans une relative opacité, affronter sa mission : la remplir, ou la trahir ».