Un retour à la normal 2.0

Au moment où j’écris ces lignes, le Québec se déconfine (enfin!). Semaine après semaine, c’est une mesure sanitaire de moins à être respectée et une liberté de plus retrouvée. Alors que nous n’avons pu nous réunir que très peu au cours de la dernière année, l’heure est aux petits rassemblements. Si la COVID a eu plusieurs impacts négatifs sur notre communauté, je crois qu’une certaine rétrospective de la crise sanitaire peut mettre en lumière le volet plus positif de celle-ci.

En ce qui concerne le monde juridique, l’impact le plus positif demeure certainement les avancées technologiques qui se sont succédées à la vitesse grand V. Bien évidemment, il y a eu le greffe numérique facilitant le dépôt des procédures à distance. Non seulement permet-il le dépôt de procédures tant à la Cour du Québec, qu’à la Cour supérieure, mais il permet également le paiement des frais afférant à ces procédures et le dépôt de caution en matière criminelle.

Au-delà de cette nouveauté qui était déjà à l’agenda, il y a surtout eu l’apparition d’un recours généralisé aux audiences virtuelles, que ce soit pour les comparutions de personnes détenues en matière criminelle ou pour le traitement d’un dossier pro forma à la Cour ou encore pour une audition sur le fond dans certains cas. Si ces nouvelles pratiques se sont imposées dans la dernière année comme la solution permettant au système de continuer de tourner le plus rondement possible, plusieurs d’entre elles sont, à mon humble avis, là pour rester. Celles-ci présentent plusieurs avantages non négligeables en termes d’économie d’argent et de temps, qui en font certainement des outils de travail pouvant améliorer l’efficacité du système judiciaire.

Parallèlement à ces développements technologiques au cœur même de l’appareil judiciaire, nous avons assisté à une multiplication des plateformes de visioconférences, des logiciels de gestion de cabinet et des outils infonuagiques. Que ce soit pour permettre une réunion entre collègues, pour permettre le partage de documents dans un dossier et le suivi de l’avancement de celui-ci ou encore pour faire une rencontre avec un client, leur facilité d’utilisation et les garanties de sécurité et de confidentialité que ceux-ci offrent en font de grands alliés des juristes. Parions que ceux-ci contribueront certainement à faire du télétravail une réalité bien présente dans nos vies.

Le JBM a évidemment pris le train de la technologie en nous offrant la toute première édition entièrement virtuelle de la Conférence Legal.IT. Lors de cet événement, les participant.e.s pouvaient construire leur horaire de formation à partir des thèmes qui captaient le plus leur attention, tout en ayant accès aux 16 heures de formation alors dispensées, et ce pendant tout le mois suivant l’événement. Celui-ci s’est avéré être une opportunité de réseautage unique en matière de technologie et de droit, et il a permis la création d’une plateforme technologique permettant à tous d’échanger sur le sujet. Nul doute que cette plateforme ne sera pas l’histoire d’un seul événement.

À mon sens, toutes ces illustrations démontrent que la COVID nous a sorti de notre zone de confort, nous a amené à repenser notre routine au quotidien et à nous questionner sur comment faire les choses autrement. Si plusieurs des changements occasionnés sont là pour rester, d’autres seront rapidement mis aux oubliettes. Il semble évident que nos récentes habitudes des 5 @ 7 virtuels et des soupers virtuels feront rapidement place aux événements « en présentiel ».

Parmi les conséquences moins roses de la pandémie, le sentiment d’isolement dans la société est certainement l’un des effets les plus ressentis par tous. Ce manque de l’autre et des rassemblements démontrent sans l’ombre d’un doute le statut d’animal social de l’être humain. Nous avons besoin des autres pour donner un certain sens à nos vies et nous avons surtout un besoin de vivre en communauté et d’en être partie intégrante.

Peut-être suis-je un peu trop optimiste, mais j’ai espoir que ce vide de l’autre ressenti dans la dernière année nous insuffle l’énergie et la volonté de retisser notre communauté. Je souhaite donc, à la nouvelle administration du JBM, un mandat porté par l’espoir d’une communauté juridique plus forte et plus solidaire, et où les jeunes avocat.e.s sont invités à être partie prenante à la recherche de solutions pour y parvenir.