Une édition et une campagne Sui Generis

Le 3 octobre prochain, les Québécois.e.s se rendront aux urnes pour exercer leur droit, voire devoir, démocratique. Après quatre ans, dont deux années en pleine pandémie mondiale, les électeur.trice.s choisiront leur prochain gouvernement. Comme il s’agit d’un moment important dans la vie démocratique, nous avons décidé de consacrer cette édition aux élections québécoises.

Au moment de mettre sous presse, les élections québécoises battent leur plein. Nous voyons cinq partis politiques majeurs, du jamais vu dans l’histoire du Québec, et des partis politiques font des promesses en matière d’économie, d’environnement, de langue et de logement.

LES DÉFIS SONT ÉNORMES
Les élections québécoises sont un moment très important dans la vie de notre démocratie, et il ne faut pas oublier qu’il s’agit du palier gouvernemental le plus proche de notre vie quotidienne : c’est le gouvernement qui nous offre des services d’éducation, de santé, etc1.

Toutefois, je suis troublé par le cynisme de certains citoyen.ne.s avec un taux de participation dans la polis québécoise qui laisse à désirer : aux élections générales de 2018, le taux de participation n’était que 66,45 % et il risque d’être encore plus bas cette année. L’origine de cette réalité peut être multiple et même à certains égards légitimes : des promesses électorales brisées par de nombreux anciens gouvernements et un sentiment d’impuissance face aux élu.e.s qui peuvent sembler déconnectés de notre réalité quotidienne.

Je suis particulièrement marqué par la nature toxique de la campagne, à un point que je n’ai jamais vu de ma vie. Il suffit de regarder les menaces de mort reçues par des élu.e.s et des candidat.e.s. On dirait une importation complète de la politique américaine de plus en plus toxique depuis les dernières années. Bien sûr, nous avons également vu des locaux électoraux vandalisés et des pancartes arrachées.

Ce genre de comportements devrait nous troubler non seulement sur le plan humain, mais aussi pour son impact sur la santé de la démocratie québécoise. Non seulement ça décourage l’implication politique de toutes et tous, mais ça peut aussi donner l’impression que le recours aux tactiques non-démocratique est toléré, voire permis.

La « victoire » par n’importe quel moyen? Nous pouvons aspirer à mieux et nous avons un devoir d’être des acteur.trice.s positif.ve.s pour changer ce climat.

QUELQUES MOTS SUR CETTE ÉDITION
Il s’agit de ma deuxième édition comme rédacteur en chef, et je suis particulièrement fier des textes que nous vous proposons. La qualité des textes, les personnes avec qui nous avons pu faire des entrevues pour l’occasion et bien sûr le thème comme tel : comme je suis une personne passionnée par l’histoire, la politique et le droit, le choix du thème pour cette édition avec le comité de l’ExtraJudiciare fut particulièrement facile.

Je vous invite donc à partager cette édition et nos autres éditions avec nos confrères et consœurs pour qu’ils.elles prennent connaissance de la qualité du travail de nos bénévoles. Comme membres du Jeune Barreau de Montréal, nous avons le droit d’en être fier.e.s.

Pour nous aider à mieux déchiffrer le tout pour vous, nous avons fait appel à l’expertise de certaines personnes, juristes et non-juristes.

Notre administrateur Me Fady Toban a notamment mené une entrevue avec un avocat de la Gaspésie et ancien journaliste Me Alexis Deschênes qui se lance en politique. Nous avons également eu la chance de discuter avec un doctorant spécialisé sur les attitudes politiques des électeur.trice.s. Finalement, à la lumière du jugement Dobbs v Jackson Women’s Health Organization2, nous avons eu la chance d’échanger avec l’honorable Nicole Duval Hesler, ancienne juge en chef de la Cour d’appel, sur le droit à l’avortement au Québec et au Canada.

Bien sûr, nous avons également cédé la parole aux membres du Jeune Barreau de Montréal pour qu’ils nous parlent des sujets passionnants comme la clause dérogatoire et ses quarante ans d’histoire.

Je vous souhaite donc une bonne lecture!

  1. Loi constitutionnelle de 1867, 30 & 31 Victoria, c 3, arts 92(16), 93.
  2. 597 US (2022).