De journaliste à avocat, à politicien : une entrevue avec Me Alexis Deschênes

Image de M<sup>e</sup> Alexis Deschênes

Me Alexis Deschênes

est candidat pour le Parti Québécois dans la circonscription de Bonaventure.Natif de Cascapédia-St-Jules dans la Baie-des-Chaleurs en Gaspésie, il pratique le droit depuis 9 ans, dont 7 ans à l’aide juridique de New-Richmond. Avant de devenir avocat, il a travaillé douze ans comme journaliste dont 4 ans pour TVA à l’Assemblée nationale du Québec. Père de trois enfants, il est diplômé en journalisme, en science politique et en droit.

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Me Alexis Deschênes

est candidat pour le Parti Québécois dans la circonscription de Bonaventure.Natif de Cascapédia-St-Jules dans la Baie-des-Chaleurs en Gaspésie, il pratique le droit depuis 9 ans, dont 7 ans à l’aide juridique de New-Richmond. Avant de devenir avocat, il a travaillé douze ans comme journaliste dont 4 ans pour TVA à l’Assemblée nationale du Québec. Père de trois enfants, il est diplômé en journalisme, en science politique et en droit.

Fady Toban (F.T.)  Pouvez-vous nous décrire votre parcours comme journaliste et pourquoi avez-vous choisi cette profession?

 Alexis Deschênes (A.D.)  Le journalisme m’a attiré assez jeune parce que j’ai toujours été intéressé à l’autre. Alors c’était une façon d’apprendre continuellement. Aussi, c’est un métier qui est évidemment important en démocratie.

J’ai commencé à TVA Rimouski. Puis après ça, j’ai obtenu un stage en Afrique de l’Ouest. Alors je suis allé vivre 4 mois et demi au Bénin et  2 semaines en Guinée Conakry. Et au Bénin, j’étais seul avec une caméra. Puis je faisais des reportages sur des sujets d’intérêt public. Alors ça, ç’a été une expérience vraiment enrichissante à 20 ans. Par la suite, je suis revenu, j’ai fait TVA Rimouski, puis là j’ai eu un poste à Radio-Canada en Saskatchewan. Je me suis retrouvé en Saskatchewan où mon mandat, c’était de couvrir les francophones hors Québec. Alors j’ai fait ça pendant 1 an. Après ça, je suis revenu au Québec et là, j’ai commencé un baccalauréat en science politique à l’Université Concordia et j’ai à ce moment-là commencé à travailler comme journaliste à Montréal pour LCN-TVA qui m’envoyait sur le terrain puis par la suite je suis passé à Radio-Canada et ça a duré, ça, disons de 2003 à 2005. En 2006, je deviens correspondant parlementaire à l’Assemblé nationale pour TVA. J’ai le privilège immense de travailler à l’Assemblée nationale et de questionner le premier ministre Jean-Charest, à l’époque, ainsi que les chefs d’oppositions, les ministres, les députés, puis de suivre toute l’activité parlementaire au quotidien.

Alors il y avait les campagnes électorales, les congrès politiques, mais il y avait aussi l’actualité qui était très riche parce que dans le fond, tous les sujets d’importance, le partage des compétences, justement, fait en sorte qu’il y a beaucoup, beaucoup de sujets qui aboutissent à l’Assemblée nationale du Québec.

 F.T.  Avec une si belle carrière comme journaliste, pourquoi avoir choisi d’aller en droit?

 A.D.  Ça faisait 12 ans que j’étais journaliste et j’avais besoin de plus. Il fallait que je trouve quelque chose. Je voulais cesser d’être un observateur. J’avais le goût de mener des batailles, de vraiment prendre parti puis de défendre des points de vue. Bref, de défendre des causes.

J’ai été surpris jusqu’à quel point j’ai aimé mes études en droit. J’ai beaucoup aimé la Faculté de droit de l’Université Laval et notamment le droit constitutionnel et le droit administratif. Le droit m’a finalement permis de comprendre les rapports de forces, ce qui m’a toujours passionné.

 F.T.  Pourquoi avez-vous choisi le litige?

 A.D.  J’ai fait mon stage au Bureau du procureur général du Québec à Québec. Assez rapidement, en fait, c’était évident que je voulais être en litige. Je voulais plaider. J’ai eu la chance de commencer ma carrière au bureau du PGQ entouré d’une équipe vraiment talentueuse de juristes chevronnés. Les dossiers étaient également très stimulants, tels que des recours collectifs, des dossiers impliquant des enjeux de partages des compétences et, bien certainement, des dossiers en droit administratif. Après deux ans au PGQ, un poste s’est ouvert au bureau de l’aide juridique en Gaspésie. J’ai grandi dans un petit village en Gaspésie et j’ai toujours voulu y retourner.

 F.T.  Est-ce qu’il y a un dossier qui vous a marqué?

 A.D.  J’ai représenté la mère d’une personne prestataire d’aide sociale qui s’est suicidée. La personne a fait une demande de révision à l’aide sociale et elle a mis fin à ses jours quelques jours après ça. La mère de la défunte a voulu mener la bataille de sa fille. Ce n’était pas une question d’argent. Elle voulait que le ministre reconnaisse sa situation. Il s’agissait d’un litige qui était difficile d’un point de vue factuel et d’un point de vue de la preuve, mais nous avons réussi. J’ai travaillé avec un de mes collègues de l’Estrie dans ce dossier-là. Ce qui m’a surtout marqué c’est qu’à travers le système judiciaire, la mère a réussi à faire son deuil. Parce qu’elle avait poussé la bataille de sa fille après sa mort et elle avait obtenu un jugement du tribunal qui a reconnu l’injustice que sa fille a ressenti. J’ai trouvé que c’était la plus belle puis la plus pure expression de la justice.

 F.T.  Pourquoi avez-vous choisi d’aller en politique?

 A.D.  Par amour. Par amour pour mon peuple puis mon territoire. C’est vraiment ça qui me motive. J’ai le goût d’agir, de régler des problèmes, d’être utile et de faire avancer mon monde.

La politique, pour moi, c’est le troisième coin du triangle. Il y a d’abord le journalisme où tu relates l’opinion publique. Par la suite, il y a le droit où t’appliques l’expression de la démocratie, à savoir les lois votées par nos parlements. Finalement, il y a la politique où tu as l’opportunité d’avoir un vrai impact sur ta communauté en agissant comme législateur.

 F.T.  Pensez-vous que votre carrière à l’aide juridique a eu un impact sur vos orientations politiques? Si oui, comment?

 A.D.  C’est évident que mes années à l’aide juridique m’ont transformé et vont teinter mon parcours politique. J’ai une connaissance intime de la situation des gens les plus vulnérables. Plusieurs de mes clients ont des troubles de santé mentale ou ont été victimes de violence conjugale. Bref, j’ai développé une très bonne connaissance de leurs enjeux.

Ce que j’ai également perçu, c’est le potentiel impact qu’un programme social peut avoir sur la vie d’une personne. Par exemple, chaque fois que je réussissais à augmenter les prestations d’aide sociale d’un client, je voyais l’impact sur sa vie. Son niveau de stress diminue et ça permet de le rendre plus disponible pour ses proches.

 F.T.  Avez-vous des conseils à donner à nos lecteurs qui souhaiteraient potentiellement un jour faire le saut en politique?

 A.D.  J’en ai deux. D’abord, même si cela peut paraître évident, la réalité c’est que ce n’est pas toujours appliqué. Il faut écouter. Il faut tendre l’oreille. Il faut aller voir les gens et s’intéresser à eux.

Deuxièmement, je crois sincèrement que la politique ne devrait jamais se faire pour des raisons purement personnelles. Il faut qu’on fasse de la politique pour des idées puis pour les gens autour de nous. Alors, ça prend un cheminement, une réflexion, des rencontres et, plus encore, une expérience de vie pour faire en sorte que quand on se lance en politique, on soit pertinent et utile.