L’erreur est humaine

« Il y a une phrase que j’ai souvent répété, merci pour les roses, merci pour les épines. La vie n’est une fête perpétuelle. C’est une vallée de larmes mais c’est aussi une vallée de roses. Et si vous parlez des larmes, il ne faut pas oublier les roses et si vous parlez de roses, il ne faut pas oublier les larmes »
– Jean d’Omersson

Sans surprise, le sujet de la santé mentale est au cœur de mon implication au JBM. En tant que jeune femme, avocate et entrepreneure, rapidement j’ai réalisé l’importance d’en prendre soin.

J’ai voulu sensibiliser mon entourage à l’importance d’être à l’écoute de notre santé mentale, mais surtout de déstigmatiser les enjeux entourant la détresse psychologique. C’est donc tout naturellement que le choix du thème de ma présidence fut la bienveillance.

La bienveillance est un thème d’actualité, postpandémique, raisonnant auprès d’une génération qui se nourrit d’ouvrages en matière de développement personnel et de travail de soi. Cette idéologie d’épanouissement personnel est évidemment louable. Il est toutefois indéniable que cette approche a un effet individualiste, encourageant à tourner le regard vers soi, créant ainsi un écart entre nous tous.tes. Entre l’individu et la société.

Après les quelques années pandémiques, il est impossible de nier notre besoin, presque viscéral pour ma part, de connecter, d’échanger et d’être en contact avec les autres. J’ai donc envie de vous dire qu’être bienveillant.e c’est aussi de reconnaitre ce besoin d’échanger. C’est de reconnaitre le besoin de faire partie d’une société, d’appartenir (belong) à quelque chose de plus grand, de plus fort, à quelque chose qui nous uni.

Une des premières choses que j’ai dû intégrer, tant dans mon quotidien que dans ma pratique, fut d’apprendre à mettre mes limites. Autant avec ma clientèle qu’avec mon entourage. En tant que travailleur.euse autonome, il est facile de se laisser submerger par la charge de travail. L’instabilité financière nous incite à toujours dire oui. Mettre ses limites c’est également de ne plus accepter certains propos ou comportements venant de notre entourage

Par contre, mettre ses limites ne veut pas dire de mettre fin, sans explication, à des relations ou de « cancel » certaines personnes au profit d’une démarche de développement personnel. J’ai souvent l’impression qu’un effet pervers peut surgir, permettant à certains de mettre fin à des relations sans faire l’exercice de communiquer ses besoins et ses limites. Mettre ses limites c’est d’abord les communiquer et ensuite permettre aux autres de s’adapter.

Être bienveillant.e signifie également de pardonner et de permettre l’erreur, autant à soi-même qu’aux autres. Évidemment, il y a des gestes impardonnables et condamnables.

Mes propos sont ailleurs. Être bienveillant.e c’est également ne pas encourager la culture d’effacement (cancel culture). Dans une société où le thème de la bienveillance fait écho dans toutes les chaînes de radio et dans les chroniques de journaux, notre société est la première à encourager la culture d’effacement (cancel culture).

Nous avons tous.tes déjà entendu la citation « l’erreur est humaine ».

La vie nous impose deux cycles: les hauts et les bas, les moments agréables et désagréables, les moments d’extases et ceux plus difficiles.

Se permettre l’erreur, c’est également de passer d’une attitude où l’on subit ce qui nous arrive à une attitude où l’on s’émerveille de ce que la vie peut nous apprendre. Une fois l’erreur commise, c’est de se permettre de prendre action et de continuer à avancer.

Pour moi, cette action, cette force du choix transite par la décision d’identifier un but à sa vie, mais également de donner une intention à son quotidien. En prêtant une intention à mes actions quotidiennes, j’ai le sentiment profond que la force de mes actions a un impact sur les opportunités qui me sont offertes.

J’écris ce texte à un moment dans ma vie où je suis en paix. Je suis consciente qu’en temps de crises ou de moments plus difficiles, je n’aurai peut-être pas cette sagesse ni cette lucidité, mais sachant qu’au-dessus des nuages, il y a toujours le ciel, je me référai à ce texte.

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Dans mon programme, j’annonçais la tenue de la deuxième Table consultative du JBM sur les enjeux de la détresse psychologique dans la profession juridique, axée sur la bienveillance envers soi-même et envers autrui. Cette Table aura lieu le 13 avril prochain. Nous aurons le plaisir d’accueillir pour une seconde fois la Dre Roxanne Robitaille.