Le 4 avril 2022, un nouveau rapport du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) rapportait qu’« une baisse substantielle de la consommation et de la production des énergies fossiles, le désinvestissement du secteur privé et la fin des subventions à ce secteur sont essentiels pour l’atteinte des cibles de l’Accord de Paris » qu’a ratifié Justin Trudeau en 2015 au nom du gouvernement canadien.
Le rapport stipule par ailleurs que « limiter la hausse des températures au-delà de 1,5 degré d’ici 2050 nécessite des actions dès maintenant, sans quoi l’objectif sera inatteignable ». Le nouveau rapport du GIEC est donc sans équivoque : il n’y a plus de place pour l’expansion des énergies fossiles, point final. L’humanité dispose de moins de trois ans pour inverser la courbe des émissions de gaz à effet de serre. Les promesses creuses qui mènent la planète à sa perte doivent cesser et des actions et des choix difficiles doivent être faits immédiatement.
Quel ne fut pas le désarroi, tant au pays que sur la scène internationale, de voir le 6 avril 2022 le ministre de l’Environnement et du Changement climatique Steven Guilbeault annoncer que le gouvernement du Canada donnait son feu vert au controversé projet Bay du Nord qui prévoit l’extraction de 300 millions à 1 milliard de barils de pétrole au large de Terre-Neuve. Selon le ministre Guilbeault, « ce projet n’a pas d’impact significatif sur l’environnement ». Pourtant, moins d’une semaine plus tôt, le secrétaire général des Nations Unies Antonio Guterres nous mettait en garde : « s’investir dans de nouvelles infrastructures de combustibles fossiles est une folie morale et économique ».
D’ailleurs, n’en déplaise à Steven Guilbeault, Bay du Nord a un effet certain sur le climat. Selon les scientifiques et les groupes environnementaux, à près de 200 000 barils extraits par jour, « le projet ajouterait l’équivalent en émissions de C02 de 7 à 10 millions de voitures sur nos routes par année (incluant la combustion) ».
Pour reprendre une autre citation d’Antonio Guterres suite à la présentation du rapport du GIEC : « Certains gouvernements et responsables d’entreprises disent une chose et en font une autre. Pour le dire simplement, ils mentent ». Le secrétaire général de l’ONU a qualifié d’accablant ce nouveau rapport du GIEC, après les deux précédents qui avaient souligné l’accélération du réchauffement et l’ampleur sans précédent de ses impacts.
En matière d’environnement, les gouvernements Trudeau nous ont habitués à des niveaux d’hypocrisie jamais vus auparavant. Jamais le gouvernement Harper n’a nationalisé d’oléoduc afin de tripler sa production ni promis en 2019 de planter deux milliards d’arbres pour en planter 0,4% du nombre. Pourtant, Justin Trudeau aime se présenter comme un champion de l’environnement. Sous son vernis, on constate qu’il s’agit uniquement de « greenwashing ».
Trudeau réussit même à faire passer le gouvernement Legault comme environnementaliste lorsque le 12 avril 2022, le gouvernement du Québec adopte une loi qui met fin à toutes les activités de recherche et d’exploitation des hydrocarbures au Québec. Ainsi, le Québec devient le premier État en Amérique du Nord à renoncer à l’extraction des hydrocarbures. Ceci est le genre de geste fort que l’on attend de nos gouvernements en réponse aux rapports du GIEC.
Mais pour en revenir au projet Bay du Nord, là où le bât blesse, c’est que celui qui nous apprend tout le mépris que l’État canadien a pour l’état de la planète, celui qui nous confirme que l’humanité va aller d’un bon pas vers l’extinction, ce n’est pas un homme d’affaires de l’Alberta, ce n’est pas un grand capitaliste, non! C’est Steven Guilbeault, ex-directeur de Greenpeace Québec qui a milité plus de 10 ans au sein de cette organisation, qui, dans un vocabulaire orwellien de politicien, nous explique que plus d’exploitation pétrolière va être bon pour la planète. Et au-delà de la tristesse que plusieurs vivent quant à l’état de la planète, c’est aussi le constat de l’échec des idéaux que Steven Guilbeault a passé sa vie à défendre. C’est finalement l’échec de ses camarades de lutte qui ont appelé à voter pour lui en s’imaginant qu’il aurait le moindre impact concret au sein du gouvernement libéral, gouvernement qui ne s’intéresse à l’environnement uniquement quand vient le temps de faire le plein de votes progressistes.
Une mention spéciale par ailleurs au NPD qui par sa compromission, a offert un chèque en blanc aux libéraux pour faire ce qu’ils veulent pour deux ans, notamment en matière d’environnement, moyennant une ou deux promesses de faire des programmes qui empiètent dans les compétences provinciales.
Pour les voies ensoleillées, on repassera.