Immobilier durable versus développement immobilier

Pouvons-nous vraiment considérer que les principaux acteurs du monde de l’immobilier font leur part d’engagement pour se responsabiliser socialement ? Qu’on se le dise, en 2022, construire n’est plus suffisant, il faut désormais réfléchir à bâtir des fondations solides ayant un impact réel sur la vie des gens. Et si cela ne passe pas par l’optimisation du développement résidentiel afin de promouvoir le développement urbain ou la création d’une communauté avoisinante profitable aux résidents, il faut au moins penser à maintenir un haut standard dans la qualité des constructions.

La littérature est dense sur le sujet, mais elle tend vers une finalité commune à savoir une prise de conscience collective et grandissante chez de nombreux investisseurs, promoteurs et constructeurs. Il s’agit de la première étape dans le processus de guérison. Il faut donc continuer d’agir au-delà de ce que nous faisons déjà, en tentant de réduire les dégâts environnementaux que nous provoquons.

Selon un rapport de l’Institut du Québec, le Credo et le pôle IDEOS de HEC Montréal, plus de 80% des PME québécoises se disent préoccupées par leur incidence sur la société, sur l’environnement et par le rôle proactif qu’elles ont à jouer dans la résolution de ces enjeux. Cependant les statistiques sont plus diffici les à trouver lorsque l’on parle de grands promoteurs immobiliers ou d’investisseurs étrangers. Ils sont pourtant d’autant plus concernés par cette problématique et leurs responsabilités s’en trouvent souvent engagées.

Cette responsabilité signifie premièrement de se soumettre au respect des garanties minimales du droit de l’environnement. À mon avis, ceci ne devrait pas s’arrêter là. Cette soumission devrait être double. Inévitablement elle serait légale avec une application rigoureuse de la réglementation en la matière, mais elle devrait surtout rentrer au cœur des processus de décision et de gouvernance des entreprises, organisations ou toutes autres parties prenantes liées à ses projets immobiliers.

En effet, les législations au Québec, par exemple sur le respect de la qualité de l’environnement et les divers règlements municipaux encadrant les obligations lors de construction ou de rénovation de biens immobiliers, sont existantes et pertinentes, mais sont bien insuffisantes face au vaste domaine de l’immobilier. Il est vrai que la durabilité immobilière est au cœur des priorités du législateur, mais une certaine moralité pèse aussi sur les acteurs qui ont le pouvoir de modifier le cours des choses de l’intérieur. La question centrale demeure alors : comment arriver à un produit durable et de bonne qualité tout en prenant en considération son impact environnemental ?

Le secteur de la construction a en effet beaucoup à jouer dans l’amélioration des enjeux environnementaux grâce à sa proactivité. On peut citer la certification LEED (Leadership in Energy and Environmental Design) qui finalement n’est encadrée par aucune législation, mais qui a acquis une certaine notoriété dans la pratique. Elle permet de garantir que le bâtiment ou l’habitation a été conçu et construit en respectant des domaines clés de la santé des humains et de l’environnement.

À Montréal, on peut également saluer l’apparition de bâtiments durables ou d’autres bâtiments dits intelligents qui participent aux mesures d’amélioration de la performance de l’habitat et d’optimisation de la vie du bâtiment notamment grâce à la technologie.

Ces préoccupations sont d’autant plus d’actualité dans l’époque à laquelle nous vivons. Notre mode de vie est devenu une de nos priorités puisque nous sommes encouragés à rester de longues périodes à la maison et en télétravail. La pandémie a remis ses défectuosités en lumière. Parlons-en justement de la lumière naturelle, de la qualité de l’air supérieure, de l’insonorisation; il s’agit de nombreux paramètres mettant en parallèle confort et santé avec développement économique. Il est tout à espérer que le chemin entrepris par ses acteurs ne s’arrête pas ici et que nous puissions tous bénéficier du confort d’être chez soi, de profiter d’un endroit de vie paisible sans ruiner les chances de nos générations futures de faire de même.