80 ans depuis la loi permettant l’accession des femmes à la pratique du droit

Pierre-Luc Beauchesne

photo mot batonnier

Annie M. Langstaff, pionnière et véritable inspiration pour les femmes dans la profession.

Bien que les femmes représentent aujourd’hui plus de la moitié des membres admis à la profession d’avocat au Québec (54,88 % en date du 31 mars 2021), cela ne fut pas toujours le cas.

En effet, les femmes, par l’entremise de plusieurs pionnières, ont dû se battre afin de se faire entendre, de faire leur place et de finalement obtenir le droit d’exercer cette belle profession. C’est plus exactement il y a 80 ans, en 1941, que fut sanctionnée la Loi permettant l’accession des femmes à la pratique du droit, puis en 1942 que furent admises les premières avocates au Québec.

Cette quête juridique ayant permis l’accession des femmes à la profession d’avocat au Québec a été menée de front par Annie Macdonald Langstaff, une femme qui n’avait pas froid aux yeux et qui s’est battue sans relâche pour ses convictions.

L’obtention de son diplôme en droit de l’Université McGill, en 1914, fit d’elle la première femme diplômée en droit. Annie M. Langstaff s’est toutefois vu refuser la permission de passer les examens du Barreau. Face à ce refus, elle déposa une demande en mandamus en Cour supérieure afin d’y être autorisée. Or, Madame Langstaff fut déboutée tant en Cour supérieure qu’en Cour d’appel, dans deux jugements rendus en 1915.

Ces recours judiciaires furent suivis de nombreuses démarches auprès de l’Assemblée législative du Québec qui suscitèrent la sympathie de militantes féministes qui se mobilisèrent pour appuyer la jeune femme dans sa quête. Malheureusement, malgré cette vague d’appui, ses démarches furent infructueuses et il aura fallu attendre plus de vingt-cinq ans pour que les femmes puissent accéder à la profession.

Bien qu’elle eût obtenu son diplôme en droit avec la mention « First-class honours », Annie M. Langstaff n’eut jamais la possibilité, durant toute sa vie professionnelle, d’exercer la profession d’avocat. Elle travailla toutefois dans un cabinet privé à titre de juriste durant 60 ans.

Annie Macdonald Langstaff a incarné au premier plan le courage de mener seule un combat d’avant-garde, qui est la quintessence même du rôle de l’avocat et a su inspirer et tracer la voie pour de nombreuses jeunes femmes après elle.

En 2006-2007, afin de souligner le 65e anniversaire de la Loi permettant l’accession des femmes à la pratique du droit qui a complètement transformé la profession, le Barreau de Montréal a choisi d’honorer la mémoire de Madame Langstaff en lui décernant, à titre posthume, la Médaille du Barreau de Montréal, en reconnaissance de sa contribution exceptionnelle à la cause de la justice.

Un hommage lui a été rendu par Mme la bâtonnière Julie Latour, en 2006, à l’occasion de la Journée du Barreau.