Le 7 novembre prochain se tiendront les élections municipales montréalaises

Lors de l’élection de novembre 2017, Valérie Plante, la cheffe de Projet Montréal, cause la surprise en se faisant élire avec 243 594 voix contre 216 321 pour Denis Coderre, le maire sortant. Il s’agit d’un taux de participation de 42,47 %, une légère baisse de participation par rapport aux élections de 2013.

À l’époque, M. Coderre se présentait comme le candidat de la continuité et du développement économique, alors que Mme Plante s’affichait comme la candidate de la mobilité. C’est finalement Mme Plante qui l’emporte, profitant d’une fatigue de la population vis-à-vis le style de gestion autoritaire de Coderre et de la polémique autour de la Formule E.

BILAN DE LA MAIRESSE :
Mobilité.
Une de ses promesses phares était d’ajouter une ligne rose au métro. Or, la Ville de Montréal n’a ni les pouvoirs, ni les moyens financiers pour mener à terme un tel projet. Par ailleurs, quant au prolongement de la ligne bleue, le même problème se pose et Québec n’a toujours pas débuté les expropriations. Quant à l’état des routes, il ne s’est pas amélioré sous l’administration Plante avec une augmentation des réclamations liées aux dommages causés par les nids de poule. Sans consultations publiques sérieuses, la Ville a profité de la pandémie pour aménager à vitesse grand V son Réseau express vélo (REV) afin de lier les différents axes de la ville. Cela a transformé des voies importantes comme Saint-Denis et Lajeunesse en voie unique de chaque sens, générant un trafic monstre, même au moment où j’écris ces lignes, alors que la majorité des travailleurs sont toujours en télétravail.

Taxation. C’était une promesse électorale de ne pas augmenter les taxes au-delà de l’inflation. Cette promesse a été brisée dès le premier budget. Par la suite, la hausse des taxes s’est limitée à l’inflation et un gel de taxes a été annoncé pour 2021.

Sécurité. La mairesse a entretenu une relation ambivalente avec le Service de police de la Ville de Montréal. En effet, un rapport commandé par la Ville en 2019 a poussé le SPVM à reconnaître le « racisme systémique » en juin 2020. Pendant ce temps, il y a eu une hausse significative des fusillades sur le territoire de la Ville, avec 443 crimes impliquant des armes à feu en 2020. Toutefois, lorsque le chef du SPVM, Sylvain Caron, a souhaité augmenter la présence policière dans les secteurs de la métropole touchés par ces fusillades, des organismes communautaires ont appréhendé une hausse du profilage racial et privilégient « des initiatives communautaires pour soutenir les citoyens qui résident dans les quartiers les plus affectés par la récente hausse des fusillades ». Il y a aussi un risque qu’avec un manque de soutien de la part de l’administration Plante, les policier.ère.s se désinvestissent de leur mission de protéger la population, alors qu’avec une vingtaine de fusillades juste pour le mois de juillet 2021, on parle désormais d’une « guerre de clans ».

CODERRE LE CHALLENGER
Denis Coderre a vécu difficilement l’échec de 2017. Il disparaît de la vie publique, puis réapparaît en 2019. Il laisse planer un doute sur son retour en politique, mais lors du lancement de son livre Retrouver Montréal en mai 2021, le discours est une charge directe contre Valérie Plante et sonne comme le début de la campagne électorale pour la mairie.

Denis Coderre jure qu’il a changé. S’il était connu pour être plus autoritaire qu’à l’écoute et être prêt à se battre pour grappiller chaque centimètre de pouvoir, il estime qu’il a appris et que son offre politique est différente et plus rassembleuse.

Toutefois, plusieurs ont des doutes à ce sujet et notamment quant à l’honnêteté de Denis Coderre. L’épisode de la fin mai 2021 où il se fait prendre à texter au volant à un feu rouge, incident plutôt banal et dans lequel plusieurs peuvent néanmoins se reconnaître, a pris de l’envergure, parce que ce dernier s’est entêté à nier les faits alors que les photos sont accablantes. Il a de plus donné une explication peu convaincante, poussant du même coup Patrick Lagacé à énumérer dans un article la liste des mensonges de Denis Coderre au fil des ans. Sa conclusion est que l’homme n’a pas changé et que « le nouveau Denis est pareil comme l’ancien Denis, toujours aussi tenté par les mensonges, pour se sortir du pétrin ou faire briller sa statue ».

Au niveau des idées, à défaut d’avoir lu son livre, ses critiques parlent d’une « vaste stratégie politique et marketing » et soulignent qu’il est difficile de cerner son projet politique. On dirait qu’il mise surtout sur le mécontentement contre l’administration Plante pour reprendre le pouvoir.

EN CONCLUSION
Difficile de savoir quel sera le résultat de l’élection de novembre prochain, d’autant plus qu’il reste encore plusieurs mois. Valérie Plante a intérêt à bien communiquer les bons coups de son administration et convaincre les Montréalais.es de suivre sa ligne directrice pour un autre quatre ans. De son côté, Denis Coderre aurait tout avantage à expliquer clairement ce qui distingue son programme politique de celui de son adversaire, au-delà de la cassette des lignes de communication politiques et en quoi sa vision politique sera bénéfique pour les Montréalais.es. À priori, il ne s’agit pas ici d’une élection très inspirante et il ne serait pas étonnant que le taux de participation soit encore plus bas qu’en 2017.