Êtes-vous dépendant.e.s à Internet ?

Malgré les nombreux avantages que nous procurent l’Internet et la technologie en général, leur utilisation saine et responsable est de mise. En fait, certain.e.s utilisateur.trice.s n’arrivent plus à contrôler le nombre d’heures qu’il.elle.s passent devant leurs appareils, au point où cela interfère avec leur vie quotidienne, que ce soit au niveau des relations interpersonnelles, de la vie professionnelle ou des finances.

Ce phénomène porte le nom de « dépendance à Internet » ou
« cyberdépendance », affectant 6% des Québécois.e.s selon le Centre québécois de lutte aux dépendances1. Chez les adultes cyberdépendants, la consommation d’Internet peut aller jusqu’à 66 heures par semaine2. Les jeunes avocat.e.s., plus connecté.e.s que jamais, n’en sont pas épargné.e.s.

Cette dépendance peut prendre plusieurs formes à travers diverses activités en ligne, que ce soit : à caractère relationnel (sites de rencontre, de clavardage ou de médias sociaux) ; aux jeux vidéo en ligne ; la compulsion Internet (ex. : jeux d’argent, ventes et achats en ligne) ; à caractère sexuel (pornographie, webcam et clavardage XXX) ; ou orientées vers la recherche d’informations et la navigation obsessive3.

En 2020, plusieurs d’entre nous en confinement avons écouté le fameux documentaire « Derrière nos écrans de fumée » (The Social Dilemma) qui a su mettre en lumière la dépendance des médias sociaux. Nous y apprenons d’ailleurs les résultats d’une étude publiée en 2017, menée sur plus de 5 000 personnes révélant une corrélation entre l’utilisation élevée des médias sociaux et une baisse de la santé mentale et physique et de la satisfaction de vivre4.

Une autre étude publiée en 2017 implique 144 participant.e.s âgé.e.s entre 18 et 33 ans qui ont navigué sur le Web en moyenne cinq heures par jour pendant deux mois. Ceux ayant signalé un usage problématique d’Internet ont vu leur fréquence cardiaque, leur pression artérielle et leur sentiment d’anxiété augmenter lorsqu’ils ne sont plus connectés5. Sur la base de ses résultats, les auteurs de l’étude émettent l’hypothèse que les changements physiologiques et psychologiques négatifs peuvent mener davantage les gens vers Internet même lorsqu’ils ne veulent pas s’y engager.

QUELS SONT LES SIGNES DE LA CYBERDÉPENDANCE ?
La cyberdépendance peut se manifester par des signes physiques et/ou émotionnels, ces derniers incluent, parmi d’autres, la dépression, l’anxiété, la procrastination, l’incapacité à prioriser ou à respecter un horaire, le sentiment de culpabilité, l’isolement social et les sautes d’humeur6.

SUIS-JE  CYBERDÉPENDANT.E ?
Outre la dépendance aux jeux vidéo, la cyberdépendance n’est pas encore reconnue officiellement d’un point de vue médical. Un diagnostic standardisé est donc absent à ce jour. Voici tout de même huit critères de diagnostic suggérés par le Dr. Keith W. Beard en 2005, parmi lesquels les cinq premiers et au moins un des trois derniers doivent être rencontrés :

  1. « Est préoccupé par Internet (pense constamment à son utilisation passée ou future);
  2. A besoin d’utiliser Internet plus longtemps pour être satisfait;
  3. A fait des efforts infructueux pour contrôler, réduire ou arrêter l’utilisation d’Internet;
  4. Est agité, lunatique, déprimé ou irritable lorsqu’il tente de contrôler l’utilisation d’Internet;
  5. Est resté en ligne plus longtemps que prévu à l’origine;
  6. A mis en péril ou risqué la perte d’une relation importante, d’un emploi, d’une éducation ou d’une opportunité de carrière à cause d’Internet;
  7. A menti à des membres de sa famille, à des
    thérapeutes ou à d’autres pour dissimuler son implication avec Internet;
  8. Utilise Internet pour échapper à des problèmes ou pour soulager une humeur dysphorique (par exemple, des sentiments de culpabilité, d’anxiété, de dépression ou d’impuissance) »7

QUELLES SONT MES SOLUTIONS ?
En tant qu’avocat.e.s, nous utilisons l’Internet quotidiennement, donc un arrêt total serait quasi impossible. Également, il peut être difficile de distinguer un usage excessif d’un usage pathologique. Consulter un professionnel de la santé est donc bien évidemment la solution à prioriser.

Entre-temps, voici quelques recommandations pour diminuer votre usage :
éteindre les notifications indésirables ; ranger nos appareils à l’abri du regard ; limiter notre usage d’Internet par des alarmes ou des programmes ;
ne pas utiliser son téléphone comme réveille-matin ; favoriser les contacts réels autant que possible.

Sans étude à l’appui, nous pouvons affirmer que la pandémie de la COVID-19 a nécessairement eu pour conséquence d’accroître notre temps de connexion à nos appareils. Soyez alerte, la dépendance ne se limite pas qu’à la consommation de substances.

  1. « Document de référence. La cyberindépendance », SSQ Groupe financier, 2013, p. 2, en ligne : https://ssq.ca/sites/default/files/archives/ac/Chroniques_sante/La_cyberdependance.pdf.
  2. « La cyberdépendance : une dépendance encore méconnue », Le Détecteur de rumeur. Agence Science-Presse, 8 décembre 2017, en ligne : https://www.scientifique-en-chef.gouv.qc.ca/impacts/ddr_cyberdependance-dependance-encore-meconnue/
  3. « Internet Addiction », Addiction Center, à jour le 17 décembre 2021, en ligne : https://www.addictioncenter.com/drugs/internet-addiction/.
  4. Holly B. SHAKYA et Nicholas A. CHRISTAKIS, « Association of Facebook Use With Compromised Well-Being: A Longitudinal Study », 185 : 3 American Journal of Epidemiology 203, 1er février 2017, en ligne : https://academic.oup.com/aje/article/185/3/203/2915143.
  5. Phil REED et al., « Differential physiological changes following internet exposure in higher and lower problematic internet users », Plos One, 25 mai 2017, en ligne : https://journals.plos.org/plosone/article?id=10.1371/journal.pone.0178480#pone.0178480.ref022.
  6. Christina GREGORY, « Internet Addiction Disorder », Psycom, à jour le 6 mai 2021, en ligne : https://www.psycom.net/iadcriteria.html.
  7. Traduction libre, Id.